La porte de l'intuition

Comme chaque jour, je faisais le même parcours sur autoroute pour aller au travail. Ce trajet, je le connaissais par cœur. Soudain, sans raison particulière, j’entendis ces mots très clairement dans ma tête : « Attention… roue arrière droite ! ».

Sur le coup, je n’y ai prêté aucune attention puisque ma raison s’est tout de suite imposée, me précisant que la voiture ne risquait rien. Et je rejetai sévèrement la pensée reçue. Quelques jours plus tard, sur le même trajet, les mêmes mots sont encore apparus dans ma tête, avec la même précision : « Attention… roue arrière droite ! ».

Ces mots s’étaient donc imposés à moi à deux reprises. C’est alors qu’un fort ressenti m‘envahit et c’est à ce moment-là que je pris conscience du message qui s’était manifesté spontanément en moi pour la deuxième fois. Aussi, sans paniquer plus que ça, je décidai d’aller voir au plus vite mon garagiste.
C’est ce que je fis dès le lendemain. Une fois, la voiture sur le pont, le garagiste s’exclama : «  Et bien madame, je ne sais pas comment vous avez fait pour rouler ainsi ! Votre roue arrière droite aurait dû lâcher depuis longtemps. Elle ne tient qu’à un fil ! » Alors, mon sang n’a fait qu’un tour et, compte tenu de mes croyances de l’époque, je me suis dit que c’était mon ange gardien qui m’avait prévenue. Et je l’ai grandement remercié du fond de mon cœur.

Quelques années plus tard, je revenais d’un long périple et j’avais près de 800 km à faire d’une seule traite et en grande partie de nuit. À une vingtaine de kilomètres de chez moi, je me sentais soulagée d’arriver enfin. Je sentais tellement la fatigue que j’avais hâte de me reposer. Au volant, quelques assoupissements avaient commencé à se faire sentir. Et c’est à une dizaine de kilomètres de chez moi qu’arriva ce que je craignais : Mes yeux, trop lourds, se sont fermés brusquement, alors que j’étais à 130km/h sur l’autoroute. Ce fut soudain un grand vide et je me suis endormie au volant. Il était 4h du matin et il n’y avait personne sur la route à cette heure. En plein virage, la voiture a continué en ligne droite, en traversant à grande vitesse les trois voies et en se dirigeant vers la rambarde du milieu.
Je ne sais pas comment la suite a pu se produire ainsi. Mes yeux se sont ouverts au moment où j’allais percuter la rambarde. Et, sans savoir comment j’ai pu avoir ce réflexe, j’ai tourné brusquement le volant pour éviter le choc, redresser la voiture dans la bonne file et continuer ma route. Je constatais à ce moment-là qu’un miracle avait dû se produire pour me faire ouvrir les yeux juste à temps et pour rectifier la trajectoire. Je réalisais que je venais d’éviter un grave accident dans lequel j’aurai pu y perdre la vie. Et de cela, on peut s’en rappeler toute sa vie ! Maintenant, je peux dire que je ne force plus sur ma fatigue, lorsque je suis sur la route.